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L'outplacement, ou reclassement professionnel, est un service offert par de nombreuses entreprises afin de soutenir leurs salariés en période de transition.

Que vous soyez cadre ou employé, licencié ou en rupture conventionnelle, il est essentiel de connaître vos droits concernant l'outplacement. Dans cet article, nous aborderons les 7 points clés pour vous aider à comprendre ce processus : définition, conditions d'éligibilité, obligations de l'employeur, et recours en cas de litige.

Respirez profondément et plongeons ensemble dans ce sujet pour vous permettre de rebondir sereinement vers de nouveaux horizons professionnels.

1. Définition de l'Outplacement

L'outplacement est un dispositif d'accompagnement professionnel offert par une entreprise à un salarié quittant ses fonctions, que ce soit à la suite d'un licenciement ou d'une rupture conventionnelle. Ce service, généralement assuré par un cabinet de management de transition, a pour objectif de faciliter la transition professionnelle du collaborateur et d'accélérer son retour à l'emploi.

Que comprend l'outplacement ?

Un programme d'outplacement inclut généralement plusieurs étapes essentielles :

  • Un bilan de compétences approfondi pour identifier les forces, les compétences et les aspirations du bénéficiaire.
  • L'élaboration d'un projet professionnel cohérent et réaliste, adapté aux objectifs de carrière du salarié.
  • Une formation aux techniques de recherche d'emploi, incluant la rédaction de CV, la préparation aux entretiens et l'optimisation du profil sur les réseaux professionnels.
  • Un accompagnement personnalisé pour la prospection et la mise en relation avec des employeurs potentiels.
  • Un soutien psychologique afin d'aider le salarié à gérer le stress et les émotions liés à cette période de transition.

Droits des employés et obligations des employeurs

Dans certains cas, l'outplacement est une obligation légale pour l'employeur. Par exemple, lors d'un licenciement économique collectif impliquant plus de 10 salariés, l'entreprise est tenue de mettre en place une cellule de reclassement. De plus, pour les cadres âgés de plus de 55 ans, l'outplacement peut être obligatoire même en cas de licenciement individuel.

En dehors de ces situations spécifiques, l'outplacement reste une initiative volontaire de l'employeur. Il peut être négocié lors de la rupture du contrat de travail. Le salarié conserve cependant le droit d'accepter ou de refuser cette prestation sans que cela n'ait d'impact sur ses autres droits liés à la rupture de son contrat.

2. Conditions d'Eligibilité à l'Outplacement

L'outplacement n'est pas un droit automatique accessible à tous les salariés. Pour en bénéficier, certaines conditions spécifiques doivent être respectées. Découvrons ensemble les critères d'éligibilité ainsi que les éventuelles exceptions.

Critères légaux et catégories d'employés éligibles

En France, l'outplacement est obligatoire dans des situations bien définies. Par exemple, lors d'un licenciement économique collectif impliquant plus de 10 salariés dans une entreprise de 1000 employés ou plus, l'employeur est tenu de proposer un congé de reclassement, qui inclut des prestations d'outplacement.

Pour les entreprises de moins de 1000 salariés, c'est le contrat de sécurisation professionnelle qui est applicable, avec des mesures similaires.

Au-delà des obligations légales, l'outplacement peut être proposé à différents profils de salariés :

  • Les cadres et dirigeants, pour qui l'outplacement est souvent intégré dans leur package de départ négocié.
  • Les salariés concernés par un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE).
  • Les employés faisant l'objet d'une rupture conventionnelle, qu'elle soit individuelle ou collective.
  • Les salariés visés par un plan de départs volontaires.
  • Ceux impactés par un carve-out, nécessitant un soutien spécifique pour leur repositionnement professionnel.

Exceptions et exclusions

Certaines catégories de salariés peuvent être exclues des dispositifs d'outplacement. Parmi elles :

  • Les salariés en fin de carrière, proches de la retraite.
  • Les employés licenciés pour faute grave ou lourde.
  • Les salariés sous contrat à durée déterminée (CDD) ou en intérim.
  • Les personnes ayant moins d'un an d'ancienneté dans l'entreprise.

Il est essentiel de noter que ces exclusions ne sont pas systématiques. Elles peuvent varier en fonction des accords d'entreprise ou des négociations individuelles. De plus, même si un salarié n'est pas légalement éligible à l'outplacement, un employeur peut décider de lui proposer ce service dans le cadre de sa politique de ressources humaines ou de sa responsabilité sociale d'entreprise.

Enfin, dans certains cas particuliers, des exceptions peuvent être faites pour inclure des salariés qui ne remplissent pas tous les critères habituels. Par exemple, un employé possédant des compétences rares ou stratégiques pourrait bénéficier d'un outplacement, même s'il ne fait pas partie des catégories généralement ciblées.

3. Obligations de l'Employeur

L'employeur a des responsabilités spécifiques en matière d'outplacement, qui varient selon le contexte du départ du salarié et la taille de l'entreprise. Ces obligations visent à assurer une transition professionnelle équitable et efficace pour les employés concernés.

Modalités de proposition de l'outplacement

Dans le cadre d'un licenciement économique collectif touchant plus de 10 salariés dans une entreprise de 1000 employés ou plus, l'employeur doit obligatoirement proposer un congé de reclassement incluant des prestations d'outplacement. Pour les entreprises de moins de 1000 salariés, c'est le contrat de sécurisation professionnelle qui s'applique, avec des mesures similaires. L'offre d'outplacement doit être faite par écrit et inclure une description détaillée des services proposés, leur durée, et les coordonnées du cabinet d'outplacement choisi.

Dans le cas d'un outplacement individuel, bien que non obligatoire, l'employeur peut le proposer lors de la négociation du départ du salarié, que ce soit dans le cadre d'un licenciement ou d'une rupture conventionnelle. Il est recommandé à l'employeur d'être proactif et d'envisager cette option, particulièrement pour les cadres et les employés ayant une certaine ancienneté.

Les sanctions en cas de non-proposition

Le non-respect des obligations en matière d'outplacement peut entraîner des sanctions significatives pour l'employeur.

En Région wallonne, depuis le 1er janvier 2016, une contribution financière au profit de l'Office wallon de la Formation professionnelle et de l'Emploi est imposée aux employeurs qui ne respectent pas leurs obligations pour les travailleurs de 45 ans et plus.

En Région flamande, depuis le 1er janvier 2019, une sanction similaire existe, avec une contribution de 1800 euros au profit du VDAB si l'employeur ne justifie pas son refus d'offrir un outplacement après mise en demeure par le salarié.

En Région bruxelloise, la sanction fédérale de 1800 euros payable à l'ONEM est toujours en vigueur. De plus, le non-respect de l'obligation de reclassement professionnel peut priver le licenciement de cause réelle et sérieuse, exposant l'employeur à des poursuites aux prud'hommes.

Il est donc essentiel pour les employeurs de prendre au sérieux leurs obligations en matière d'outplacement pour éviter ces conséquences financières et légales potentiellement coûteuses, surtout lorsqu'ils doivent piloter une entreprise en difficulté.

4. Droits de l'Employé Lors du Processus d'Outplacement

Lors d'un outplacement, le salarié bénéficie de plusieurs droits essentiels visant à garantir un accompagnement de qualité et respectueux de ses intérêts. Ces droits couvrent divers aspects du processus, allant de la sélection du prestataire à la protection des données personnelles.

Choix du prestataire

Bien que l'employeur finance généralement la prestation d'outplacement, le salarié a son mot à dire dans le choix du cabinet. Il dispose du droit de demander des informations sur les différents prestataires proposés et peut exprimer ses préférences.

Dans certains cas, le salarié peut même suggérer un cabinet spécifique s'il estime que celui-ci correspond mieux à ses besoins. Cette participation active au choix du prestataire garantit un accompagnement mieux adapté au profil et aux attentes du salarié.

Accès aux services proposés

Une fois le cabinet d'outplacement sélectionné, le salarié bénéficie d'un accès complet et sans restriction aux services proposés. Ces services incluent généralement des séances de coaching individuel, des ateliers collectifs, des outils d'évaluation des compétences et des ressources dédiées à la recherche d'emploi.

Le salarié a également la possibilité de demander des rendez-vous supplémentaires s'il en ressent le besoin. De plus, il a le droit d'utiliser les locaux et le matériel mis à disposition par le cabinet pendant toute la durée de l'accompagnement.

Confidentialité et protection des données

La confidentialité est un aspect primordial du processus d'outplacement. Le salarié a droit à une protection stricte de ses données personnelles et professionnelles tout au long de l'accompagnement. Les informations partagées avec le consultant en outplacement doivent rester entièrement confidentielles et ne peuvent être communiquées à l'employeur ou à des tiers sans l'accord explicite du salarié.

En outre, le salarié peut accéder à toutes les données le concernant détenues par le cabinet d'outplacement et a le droit de demander leur rectification ou leur suppression, conformément aux réglementations en vigueur sur la protection des données personnelles.

5. Prise en Charge Financière de l'Outplacement

La question du financement de l'outplacement est essentielle pour bien appréhender les enjeux de ce dispositif d'accompagnement professionnel. Voici un aperçu des différentes options de prise en charge et des responsabilités de chacun.

Qui paie pour les services d'outplacement ?

Dans la majorité des cas, c'est l'employeur qui prend en charge le coût de l'outplacement. Cette démarche reflète la responsabilité sociale de l'entreprise et peut être incluse dans le package de départ négocié avec le salarié. Pour les cadres et dirigeants, l'outplacement est souvent intégré d'office dans les conditions de départ.

En cas de licenciement économique collectif impliquant plus de 10 salariés, l'employeur a une obligation légale de financer l'outplacement via la mise en place d'une cellule de reclassement. Pour les autres situations, comme les ruptures conventionnelles ou les licenciements individuels, le financement est à la discrétion de l'employeur, mais il peut constituer un point de négociation clé pour le salarié.

Possibilités de prise en charge par des tiers (assurances, etc.)

Bien que moins courantes, certaines alternatives permettent de financer l'outplacement :

1. Le Compte Personnel de Formation (CPF) peut être utilisé pour couvrir certains aspects de l'outplacement, notamment le bilan de compétences.

2. Certaines assurances professionnelles ou personnelles incluent des clauses de prise en charge partielle ou totale d'un accompagnement en cas de perte d'emploi. Il est recommandé de vérifier les conditions de votre contrat.

3. Dans certains secteurs, des fonds paritaires ou des organismes professionnels peuvent contribuer au financement de l'outplacement. Par exemple, le Fonds Social intervient pour les entreprises de la CP 226 (employés du commerce international, transport et logistique).

4. En cas de faillite de l'entreprise, le Fonds d'intervention social peut prendre en charge les frais d'outplacement, garantissant ainsi un accompagnement même dans les situations les plus difficiles. Dans ces contextes, savoir gérer la crise devient essentiel pour protéger les intérêts des salariés.

5. Enfin, dans certains cas, Pôle Emploi peut financer une partie de l'outplacement via l'Aide Individuelle à la Formation (AIF), notamment pour le bilan de compétences.

6. Durée et Contenu du Programme d'Outplacement

L'outplacement est un processus structuré, conçu pour maximiser les chances de réussite du salarié dans sa transition professionnelle. Il s'étend sur une période définie et inclut des étapes clés adaptées aux besoins individuels. Examinons en détail la durée standard et le contenu typique de ces programmes.

Durée standard des services

La durée d'un programme d'outplacement varie en fonction des besoins du salarié et des modalités convenues avec l'employeur. En général, elle s'étend de 4 à 12 mois. Pour les cadres supérieurs et les dirigeants, des programmes plus longs, pouvant aller jusqu'à 18 mois, sont souvent proposés.

Certains cabinets proposent même des services "illimités", qui se poursuivent jusqu'à ce que le bénéficiaire retrouve un emploi stable.

La durée du programme est souvent répartie en trois phases :

  • Phase intensive : 2 mois avec au moins 20 heures d'accompagnement
  • Phase intermédiaire : 4 mois avec 20 heures supplémentaires
  • Phase de suivi : 6 mois avec les 20 dernières heures

Cette structure progressive offre un accompagnement adapté aux besoins du salarié tout au long de sa recherche d'emploi.

Contenu typique des programmes (coaching, support CV, préparation aux entretiens, etc.)

Un programme d'outplacement complet inclut généralement les éléments suivants :

  • Bilan de compétences et définition du projet professionnel : Une étape essentielle pour identifier les forces, aspirations et opportunités du marché.
  • Coaching individuel : Des séances personnalisées avec un consultant spécialisé pour accompagner le salarié tout au long du processus.
  • Optimisation des outils de recherche d'emploi : Assistance pour rédiger un CV percutant, créer une lettre de motivation impactante et améliorer le profil LinkedIn.
  • Formation aux techniques de recherche d'emploi : Apprentissage des méthodes efficaces pour explorer le marché du travail, y compris le marché caché.
  • Préparation aux entretiens : Simulations d'entretiens avec feedback constructif pour améliorer la performance du candidat.
  • Développement du réseau professionnel : Stratégies pour élargir et activer son réseau de contacts.
  • Support psychologique : Accompagnement pour gérer le stress et maintenir une attitude positive durant la transition.
  • Aide à la négociation salariale : Conseils pratiques pour aborder les discussions sur la rémunération et les avantages.
  • Suivi post-intégration : Certains programmes incluent un accompagnement après l'obtention d'un nouvel emploi pour garantir une intégration réussie.

Ces éléments sont personnalisés en fonction des besoins spécifiques de chaque bénéficiaire, offrant ainsi un parcours sur mesure et efficace.

7. Recours en Cas de Litige

Malgré les meilleures intentions, des désaccords peuvent survenir lors du processus d'outplacement. Il est important de connaître vos droits et les options à votre disposition en cas de litige.

Voies de recours légales pour l'employé

Si vous estimez que vos droits n'ont pas été respectés durant l'outplacement, plusieurs options s'offrent à vous :

1. La médiation : Avant d'entamer une procédure judiciaire, vous pouvez demander une médiation avec votre employeur et le cabinet d'outplacement. Cette approche peut souvent résoudre les conflits de manière plus rapide et moins coûteuse.

2. Les prud'hommes : Si la médiation échoue, vous pouvez saisir le conseil de prud'hommes. Cette juridiction est spécialisée dans les litiges entre employeurs et salariés. Assurez-vous de rassembler tous les documents pertinents pour étayer votre cas.

3. L'inspection du travail : En cas de non-respect des obligations légales en matière d'outplacement, vous pouvez contacter l'inspection du travail. Celle-ci pourra intervenir et, si nécessaire, dresser un procès-verbal.

Rôle des syndicats et des associations professionnelles

Les syndicats et associations professionnelles jouent un rôle dans la défense de vos droits :

1. Conseil et soutien : Ils peuvent vous fournir des informations précieuses sur vos droits et les meilleures démarches à suivre en cas de litige.

2. Représentation : Dans certains cas, un représentant syndical peut vous accompagner lors des réunions avec l'employeur ou le cabinet d'outplacement pour défendre vos intérêts.

3. Action collective : Si le problème concerne plusieurs salariés, les syndicats peuvent organiser une action collective pour faire pression sur l'employeur ou le cabinet d'outplacement.

4. Négociation : Les syndicats peuvent négocier avec l'employeur pour améliorer les conditions de l'outplacement ou résoudre un litige existant.

5. Veille juridique : Les associations professionnelles suivent de près l'évolution de la législation en matière d'outplacement et peuvent vous informer de vos nouveaux droits.

N'hésitez pas à contacter ces organisations dès que vous sentez que vos droits pourraient être menacés. Leur expertise et leur soutien peuvent faire une réelle différence dans la résolution de votre litige.

Conclusion

L'outplacement est bien plus qu'une simple formalité lors d'un départ de l'entreprise. Il s'agit d'un outil précieux qui permet de transformer une situation potentiellement difficile en une véritable opportunité de croissance professionnelle. Pour le salarié, c'est l'occasion de bénéficier d'un accompagnement personnalisé, d'acquérir de nouvelles compétences et de redéfinir son projet professionnel.

Pour l'entreprise, c'est un moyen de démontrer sa responsabilité sociale, de préserver sa marque employeur et de maintenir des relations positives. N'hésitez pas à explorer les différentes options d'outplacement et à choisir un prestataire qui répond à vos besoins spécifiques. En investissant dans l'outplacement, vous investissez dans l'avenir de vos employés et dans la réputation de votre entreprise.

FAQ

Quelles sont les principales différences entre l'outplacement individuel et collectif ?

L'outplacement individuel est souvent réservé aux cadres et offre un accompagnement personnalisé, permettant au salarié de choisir son prestataire. En revanche, l'outplacement collectif concerne tous les salariés, généralement dans le cadre de licenciements collectifs, avec un prestataire sélectionné par l'entreprise.

Quels sont les critères pour bénéficier d'un outplacement obligatoire en cas de licenciement ?

Pour bénéficier d'un outplacement obligatoire, il faut remplir certains critères, comme avoir au moins 45 ans et un an d'ancienneté, ou disposer d'un préavis de 30 semaines ou plus. Lors d'un licenciement collectif, tous les travailleurs sous contrat à durée indéterminée sont concernés.

Comment l'outplacement peut-il influencer la réputation d'une entreprise ?

L'outplacement joue un rôle clé dans la réputation d'une entreprise en démontrant son engagement envers le bien-être de ses employés, même après leur départ. Cette démarche réduit les risques de procédures judiciaires et d'avis négatifs, tout en renforçant l'image de l'entreprise comme un employeur responsable et soucieux de ses salariés.

Quels sont les avantages de l'outplacement pour les salariés lors d'une transition professionnelle ?

L'outplacement offre aux salariés un soutien personnalisé pour faciliter leur transition professionnelle. Il contribue à renforcer la confiance en soi, à développer des compétences en recherche d'emploi et à favoriser un retour rapide à l'emploi.

En outre, il réduit le stress et permet d'explorer de nouvelles opportunités professionnelles.